N° 167-168, janvier-juin 2003 : Lectures
Gilles Candar
Avant-proposTexte intégralNous publions à nouveau un numéro de comptes rendus. Nous nous sommes efforcés, comme les années passées, de ne négliger absolument aucun champ : histoire politique, sociale, culturelle, plus rarement – il faut bien le reconnaître – économique, de notre période : celle de Jean Jaurès (1859-1914) et de ses alentours immédiats, pour l’essentiel la seconde moitié du xixe siècle et la première du xxe siècle. Certains de ces comptes rendus tiennent lieu d’articles critiques, d’autres sont de simples glanes : ce n’est pas forcément fonction de l’importance des ouvrages recensés, mais de l’ensemble des circonstances qui président à la fabrication de tels Cahiers... De même, nous nous efforçons de varier nos sollicitations : universitaires prestigieux et confirmés, jeunes chercheurs ou érudits curieux concourent à cet ensemble. Faut-il en dire autant des tempéraments ? Certains de nos amis, exigeants, attendent beaucoup et ne se font pas faute, en conscience et avec loyauté, de faire valoir des critiques parfois sévères... Il semble d’ailleurs, contrairement à ce qui est parfois dit, que le recours fréquent aux comptes rendus dans notre revue a plutôt tendance à pousser les recenseurs à privilégier l’étude de fond, la discussion serrée, sans trop de timidité ni bienveillance trop accommodante. Peut-être l’indice que l’heure de l’apaisement des passions et des controverses n’est pas prête de sonner dans notre milieu, ce qui est plutôt une bonne et rassurante nouvelle pour la santé des études historiques. Comme aimait à le dire à peu près Jean Jaurès, rien de tel qu’une franche discussion où on se heurte un peu mutuellement pour se retrouver ensuite bons amis. D’autres recenseurs sont toutefois plus indulgents, ou, comme Renoir qui disait vouloir faire exprès du joli, ont pris le parti de dégager l’œuvre positive, utile, qui affleure même dans le moins réussi des livres. C’est ainsi. Le lecteur s’amusera peut-être à reconnaître les habitudes des uns et des autres, même s’il arrive aussi qu’il y ait inversion et changements de rôles. Il va de soi que si certains auteurs souhaitent répondre, apporter leurs arguments, éclaircissements, précisions, voire à leur tour adopter des postures critiques, les colonnes de ces Cahiers leur sont ouvertes. Cette livraison vous fera donc aller de Marx et Garibaldi à Sembat et Churchill. Nous ne cédons pas trop aux charmes de la biographie : les masses et leur culture, les paysans, « rouges » comme il se doit – mais ils peuvent être autant incendiaires qu’électeurs de la plus sage SFIO des années 1930 –, les mineurs, mais aussi la Chambre de commerce, les théoriciens de l’hygiénisme sont eux aussi objets d’étude. Madeleine Rebérioux rend compte de plusieurs ouvrages d’histoire culturelle, consacrés à Romain Rolland, Henry Poulaille et Laurent Tailhade, ainsi que de livres sur la décolonisation ou la question récurrente sans être stable de l’amnistie politique. L’histoire de l’État, un des chantiers actuels les plus dynamiques de l’historiographie, est abordée avec la réédition de l’ouvrage d’Henry Michel, un condisciple de Jaurès, le parlementarisme de guerre et la Poste, donc dans des dimensions pour le moins variées. Péché mignon et très actuel lui aussi des historiens : la discussion sur le métier et les enjeux de la recherche et de l’historiographie. Le livre d’Olivier Dumoulin sur le rôle social de l’historien fait débat et nous signalons l’heureux achèvement de la grande entreprise d’édition de la Correspondance entre Marc Bloch et Lucien Febvre. À vous de lire maintenant… et de faire vos choix. En savoir plus
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Pour citer cet article :
Gilles Candar, «Avant-propos »,
Cahiers Jaurès,
N° 167-168, janvier-juin 2003 : «Lectures».
En ligne : http://www.jaures.info/collections/document.php?id=78 |